Interview de Monsieur Chareyre :

Directeur général Nord’Ways depuis 1977.

« Les documents officiels les plus anciens remontent aux années 1880″. 

Au commencement, la maison s’appelait : Manufacture Chareyre, chaussure de luxe et de travail.A l’époque, mes ancêtres étaient cordonniers, le pas de porte donnait sur la rue et le cordonnier tapait la semelle au marteau devant les passants. Jusqu’à la 1ère guerre mondiale, le port de la chaussure était un événement, une promotion sociale. La 1ère paire de chaussure était conservée toute une vie, le cordonnier la ressemelait et la ferrait pour la faire durer.

Puis de la réparation nous sommes passées à la fabrication en devenant artisan bottier début 1900.
D’années en années, le métier et la tradition sont passés de main en main pour arriver jusqu’à mon grand-père Monsieur Samuel Chareyre que j’ai eu la chance de connaître.

A ce moment il avait une petite fabrique de chaussures avec une vingtaine d’employés située rue des Moulins à Valence dans la Drôme (26).

Pour certains travaux de finition des cuirs et semelles, on utilisait un fer (à repasser) que l’on chauffait sur des braises. Lors de la pause de midi, un employé a oublié son fer sur la paille d’une chaise, l’usine est partie en fumée et la manufacture Chareyre a été contrainte de cesser son activité… Tous les engagements ont été honorés, mais la fabrication à Valence était terminée.
Mon grand-père s’est alors tourné vers ses confrères de la corporation de Romans et dans l\’Ouest de la France (35/49) pour la fabrication et a conservé la partie commerciale de l\’entreprise familiale. Bougies déco

Mon grand-père et mon père ont pris la suite de la commercialisation de gammes confort pour femme et homme à partir de 1950. Personnellement j’ai commencé à y travailler très jeune en tant que vendeur.

Je visitais les magasins de chaussures des grandes villes comme Lyon, Marseille… et en fait tout le Sud Est. Il n’y avait pas ou peu de grandes enseignes, beaucoup de petites et moyennes boutiques de centre ville. Je proposais des chaussures de tous les jours, des chaussures modes et confortables.
Mais quand on est jeune, porter le costume cravate tous les jours, passer des heures à chercher des places de parking pour se garer, transporter ses valises de chaussures ça devient vite ennuyant… Je me suis alors tourné vers la vente d’après ski en montagne ; on y respirait bien mieux !
Dans les années 70, l\’industrie du ski était en plein essor, les stations de ski s\’épanouissaient, l\’ambiance était décontractée et les affaires faciles.Dans ce cadre, j\’ai rencontré des fabricants de vêtement de sport nordiques, une maison norvégienne, une maison canadienne et une maison autrichienne avec qui j’ai signé des exclusivités de distribution sur la France. Je me suis alors mis à vendre du vêtement de ski haut de gamme. C’est à ce moment-là que j’ai renoué de relation avec une amie d’enfance qui s’était marié avec un suédois fabriquant de sabot typique.

Nous avons collaboré et j’ai commencé à vendre des sabots suédois en station de ski.

1977, c’est cette année que la marque Nord’Ways a vu le jour. Nous travaillions avec un fabriquant norvégien et nous vendions des articles « dans le vent ». D’où le jeu de mot Nord’Ways, un peu de français, un peu d’anglais et le tour était joué !
Victime de notre succès, nos entrepôts de stockage ont été cambriolés, tout le stock de vêtements est parti dans la nuit. Ça a été le gros coup dur pour Nord’Ways, 12 années de travail anéanties en quelques minutes.

Les sabots n’ayant pas été dérobé :

« j’ai pris ça comme un signe et je me suis dit qu’il fallait revenir à nos amours du début : La chaussure ».

Je me suis beaucoup déplacé dans les pays scandinaves pour mettre en place des partenariats avec des petites usines de fabrication de chaussures. Là-bas c’est fort sympathique, vous vous baladez dans la forêt puis d’un coup vous tombez sur une grande ferme avec une quinzaine de personnes qui travaillent dans la plus pure tradition. J’ai sélectionné des modèles et j’ai composé ma première « petite collection » de sabots.

En 90 on a fait notre premier mailing qui s’appelait « Les Blancs » !

J’ai repris les fichiers clients de magasins de chaussures que l’on avait et leur ai envoyé cette petite documentation sur ma collection de sabots. Ça a plutôt bien marché, et je me suis rendu compte que les produits que l’on proposait trouvaient preneur dans des corps de métiers bien précis : infirmière, kiné, chef cuisinier, ou … jardinier.

PLV Les blancs

Je me suis alors posé une question qui a été primordiale dans le développement de la marque :
Le magasin de chaussure est-il le meilleur canal de distribution ? N’y a-t-il pas des revendeurs spécialisés ?
En cherchant un peu je suis tombé sur un fichier client de revendeurs spécialisé dans le vêtement de travail. Notre 1er mailing 100% prospection est parti et ça a été le grand départ ! L’explosion du chaussant professionnel.

On a eu un retour ahurissant de 20%, dans ces retours on trouve le noyau de nos bons clients d\’aujourd’hui. Pour moi c’est révélateur, nous n’en avons pas perdu et en plus on les a fidélisés.
A partir de là, chaque année nous avons développé la gamme : je me suis beaucoup déplacé et je suis parti la rencontre des meilleurs fabricants de chaussures en Allemagne, Italie, Pologne, Slovénie et Roumanie afin de créer des partenariats de confiance.

Nous avons bâti une stratégie commerciale autour de la satisfaction client :
– Des produits techniques de grande qualité
– Une gamme complète sur stock
– Apporter du conseil
Il m’est arrivé de porter des colis dans le TGV afin que le client puisse recevoir ses produits sur Paris le jour même. Quand il y a une urgence on s’engage à faire notre maximum !

En 2012 on a lancé notre collection de chaussures de sécurité pour femme, sur demande de nos clients. Afin d’étoffer notre gamme, nous avons également conçu une mini collection homme plus orientée Industrie BTP. Nous avons choisi de réaliser des articles haut de gamme, sur stock (notre point fort) dans des matières soigneusement choisi afin de proposer du beau, technique et ultra confort. Cette collection ayant été très bien accueillie par nos clients, aujourd’hui nous sommes à la recherche de la chaussure de demain.

Nous aimons relever les défis, prendre des risques ne nous fait pas peur !

L’avenir pour moi est de continuer à se développer avec notre clientèle de spécialiste en les servant toujours mieux, en les accompagnants dans leurs choix et même leur démarche commerciale. Se positionner en tant qu’expert technique, faire de la préconisation auprès des utilisateurs finaux de nos chaussures en nous faisant connaitre, reconnaître et apprécier afin d\’être encore plus présent chez nos revendeurs.

Chez Nord’Ways on a toujours privilégié les relations de confiance, une parole c’est une parole, on travaille dans une bonne ambiance et le respect mutuel.
Nous sommes parti de rien et nous avons créé une marque de chaussant professionnel de toutes pièces ;cette marque a fait sa place grâce à un travail de fond en gardant à l’esprit toujours les mêmes valeurs : L\’implication personnelle, l\’intégrité, le respect, la serviabilité, l\’empathie, l\’optimisme et la créativité. »